09/05/2018, par Vincent Arquillière
Pour intéresser l’auditeur potentiel à ce disque confidentiel, il convient sans doute de mentionner en premier lieu la participation de Henk Hofstede sur trois de ses neuf morceaux. La présence vocale chaleureuse du leader des Nits n’est toutefois pas l’unique intérêt de ce mini-album autoproduit par l’un de ses compatriotes, un certain Harke Jan van der Meulen. Celui-ci, qui prise la langue anglaise à l’instar des auteurs de “In the Dutch Mountains”, semble moins attaché qu’eux à ses racines néerlandaises. Hormis pour un morceau de sa plume, il adapte ici des auteurs anglo-saxons : John Clare (poète romantique anglais), Ezra Pound, et surtout Robert Louis Stevenson pour les six premiers titres.
Van der Meulen n’est sans doute pas le premier à mettre en musique des poèmes tirés des recueils “A Child’s Garden of Verses” et “Songs of Travels” (nettement moins connus chez nous que “L’Île au trésor” ou “L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde”), mais il le fait avec beaucoup de grâce. L’instrumentarium chambriste (piano, guitare classique, violon, violoncelle), les voix tout en nuances (dont celle, magnifique, de la chanteuse Vera van der Poel), les mélodies en arabesques complexes traduisent joliment et simplement l’émerveillement qu’expriment ces vers, celui d’un enfant qui découvre le monde. L’ensemble est forcément teinté d’une légère nostalgie puisque l’enfance, par définition, ne dure pas.
Quant au seul morceau dont Harke Jan a signé le texte, “Ravi”, il s’agit de toute évidence d’un hommage à Ravi Shankar. Le texte cite deux célèbres chansons sur lesquelles le maître du sitar ne joue pas mais qu’il a influencées (c’est en tout cas avéré pour la première) : “Norwegian Wood” des Beatles et “The Cutter” d’Echo and the Bunnymen. Autant dire qu’on ne croise que du beau monde ici, dans ce qui ressemble heureusement plus à une sorte de rassemblement amical qu’à un amas de références chics. C’est avant tout la richesse musicale du disque qui frappe et qui lui vaut des écoutes répétées, alors qu’on pensait le poser sur la pile des curiosités sympathiques et l’y laisser prendre la poussière. Il y a sans doute plus d’idées et de beauté dans cette œuvre de moins de 26 minutes que dans bien des albums deux fois plus longs.